De quoi filer la nostalgie du RER A

Le Transmi(lenio) c’est pourri : comme son nom l’indique, il était à peine conçu pour franchir le cap du millénaire. Maintenant qu’on est en 2014 (au passage : bon anniversaire à Octavio Paz et à Julio Cortazar) ce n’est juste plus pos-si-beul.

Déjà : le principe du couplage ligne (lettre) + chiffre a dû — que dis-je : n’a pu que — germer dans l’esprit tordu (et légèrement pervers) d’un X-ponts du genre calculateur de génie (c’est-à-dire un autiste fou dangereux) : à ma connaissance, le Transmi est le seul système de transport public au monde où l’on ne chope pas la même ligne à l’aller qu’au retour (sinon, ce serait trop simple). Vous avez aimé les pictos du métro de Mexico où même les pinches nacas analphabètes retrouvent leur chemin ? Eh bien là : sortez vos calepins et prenez des notes : genre tu prends la G2 ou la F12 à l’aller (ou la D1 pourquoi pas, ce sera juste un peu plus long) Eh bien fais gaffe : au retour tu monteras dans la B72 ou la J74 — à moins que la F34 n’arrive avant. Ha ah ! C’est justement là que ça devient drôle : la G2, tu n’y montes pas depuis le même quai que la F12, comme ça, quand tu as vu trois wagons F12 passer devant toi qui attends connement la G2 dans ton coin, au moins, tu as compris ce qu’il te restera à faire demain pour arriver à l’heure au boulot… De toute façon, tu peux toujours te consoler en te disant que les wagons F12 devaient être aussi pleins que les G2 et que tu aurais aussi dû en laisser filer trois ou quatre avant de pouvoir embarquer. Et quand, ton beau tailleur repassé de frais écrasé contre des paires de fesses et de mains dont tu ne aimes encore mieux ne pas savoir à qui au juste elles appartiennent, agrippée à t’en déchirer les coutures du dessous de bras à une barre de métal où tous les microbes de la Colombie se sont donnés rendez-vous (non pas pour te mithridatiser mais pour éviter de te casser la margoulette en cas de freinage abrupt, à savoir, à l’approche de chaque station), tu te réjouis enfin d’arriver bientôt à destination, tu te rends compte qu’il va falloir patienter, puisque les portes ne se fermeront pas tant qu’il y aura de la bidoche qui gêne le passage, c’est-à-dire, tant qu’il y aura encore du monde à vouloir monter, c’est-à-dire, que, à bien y réfléchir, et vu le prix du ticket, tu aurais peut-être mieux fait d’appeler un taxi, et d’ailleurs, si ton Transmi se retrouve coincé dans un bouchon, tu remarqueras que c’est parce que tout le monde a finalement pris un taxi.

En résumé : comme on dit din min coin : chi t’es pas contain, te rintes à pinches à l’baraque.

Comments

[Jean-Luc]

Cette évocation homérique du transmi me fait penser aux BD de tes voisins belges Peeters Schuiten... mâtinées Bilal tout de même